Ce 11 juin célèbre la journée mondiale de l’agriculture. A cette occasion, Pascal Goergen, Président de DéFI Wallonie, Amaury Alexandre, député provincial namurois DéFI et Benoît Cassart, éleveur à Havelange souhaitait revenir sur les positions et les valeurs défendues par DéFI en la matière mais aussi les enjeux autour de cette thématique.
Une des caractéristiques du secteur agricole belge est la diminution structurelle du nombre d’exploitations. Entre 1980 et 2019, le secteur agricole a perdu 68% de ses exploitations soit une diminution de 2 % par an en moyenne. Dans la même période, la superficie moyenne par exploitation a, quant à elle, triplé.
Parallèlement, le secteur a perdu 62 % de travailleurs agricoles ces 40 dernières années. Cette diminution est le résultat de la diminution du nombre d’exploitations mais aussi de l’intensification de la mécanisation.
Cependant, face aux défis environnementaux et énergétiques, le secteur agricole particulièrement en Wallonie est appelé à retrouver une place cruciale. Le succès grandissant de l’agriculture biologique, des produits locaux de très bonne qualité , démontre la capacité de notre agriculture belge à s’adapter à l’évolution de notre société.
Pascal Goergen explique : « Les agriculteurs doivent faire partie des acteurs économiques majeurs de la Wallonie. Il faut dès lors pouvoir leur garantir un salaire décent. Avec le développement récent de nouvelles activités de service (tourisme à la ferme, vente de produits du terroir, fermes pédagogiques), les exploitations agricoles peuvent devenir des entreprises pourvoyeuses d’emplois durables pour autant que certains contrôles ne soient pas excessifs ou trop tatillons. Soutenir le secteur, c’est soutenir ce qui arrive dans notre assiette.
Durant le confinement, les produits vendus à la ferme ont été très prisés, souhaitons que cela continue en tout temps. Chaque citoyen devrait soutenir ses agriculteurs locaux.
DéFI est favorable à l’émergence de filières complètes d’alimentation locale et durable.Cela peut être réalisé en consacrant davantage de terres agricoles à la consommation locale ; en favorisant l’émergence de coopératives, de halles agricoles ou en aidant les agriculteurs à développer leurs produits via des plateformes numériques. »
La robotisation et la digitalisation constituent, également, un enjeu de taille dans le secteur.
Le “smart farming”, c’est-à-dire l’agriculture intelligente, consiste à introduire les nouvelles technologies numériques (drones, GPS, capteurs, robots, smartphones…) dans le travail agricole.
L’agriculture intelligente doit être valorisée car outre l’optimisation du métier d’agriculteur qu’il entraîne, il peut avoir de vraies plus values en termes d’impact environnemental
« DéFI propose deux pistes. D’abord, soutenir durablement le Centre de recherches agronomiques de Gembloux ainsi que Digital Wallonia. Ensuite, il faut également adapter la fiscalité wallonne au bénéfice de l’achat d’un certain nombre d’outils et équipements numériques, afin de favoriser la transition en la matière » continue le Président de DéFI Wallonie. « Chez DéFI, nos élus promeuvent une Charte de ruralité et de convivialité qui est un réel contrat pour le mieux vivre ensemble en milieu rural. Vous savez, la vie à la campagne est rythmée par les personnes qui y vivent, qui y travaillent ou qui viennent s’y promener. Les intérêts des uns ne correspondent pas toujours aux intérêts des autres. Le milieu rural constitue l’outil de travail de l’agriculteur. Il se doit, à ce titre, de respecter les règles qui s’imposent à lui. D’un autre côté, le citoyen doit respecter le travail de l’agriculteur, le rythme des saisons et les aléas de la météo. »
En tant que député provincial namurois en charge de l’agriculture, Amaury Alexandre souhaite mettre en évidence les actions mises en place par la Province de Namur pour ses agriculteurs.
« Au travers de son école d’agriculture de Ciney, la Province de Namur a investi massivement dans des outils performants pour assurer une formation de qualité à ses étudiants en vue de remplacer les agriculteurs de nos exploitations puisque l’on sait qu’actuellement, en moyenne, un agriculteur a 58 ans. Il va donc falloir renouveler le personnel agricole dans les exploitations. C’est important parce que ça nous permet aussi de modifier les modes de cultures, les modes d’élevage et d’aller vers des modes beaucoup plus durables. Par ailleurs, un projet que je porte au niveau de la Province avec le Collège, c’est l’installation d’une unité de biométhanisation sur le site de l’école ce qui va nous permettre de réaliser un bel exemple d’économie circulaire puisque ça va permettre aux agriculteurs de venir apporter leur lisier, leur fumier et leur sous-production agricole et de les valoriser en pouvant en faire un engrais de qualité épandable facilement sur leurs cultures l’année d’après. Et, au passage, ça nous permet de produire de l’électricité propre et du chauffage que nous allons utiliser pour notre école et donc faire baisser le bilan carbone de notre institution. »Un autre outil provincial est également présenté par notre député provincial, l’Office provincial agricole et son laboratoire : « Cet outil à disposition de nos agriculteurs permet d’analyser les terres et les fourrages et de donner un conseil sur les intrants qui seront nécessaires pour avoir des cultures qui soient le plus durables et respectueuses de l’environnement possible. Il est aussi important de signaler que par son laboratoire et son conseil agronomique, la Province de Namur fournit un conseil indépendant aux agriculteurs, ce qui est un gage de qualité. Et, elle vient en accompagnement des agriculteurs pour élever leur qualité de production et améliorer la durabilité de celle-ci. »
Benoît Cassart, éleveur à Havelange, souhaitait rebondir sur un événement récent de l’actualité : l’Argentine a pris la décision de fermer ses exportations de viande bovine vers le reste du Monde. L’éleveur explique pourquoi cette information est importante pour le secteur belge : « C’est un signal fort ! L’Argentine a pris cette décision pour pouvoir nourrir sa population à un prix décent parce que la viande argentine est devenue trop chère pour les Argentins eux-mêmes. Cela signifie pour nous, à un moment où on parle beaucoup des accords avec le Mercosur, que si on mise sur l’Amérique du Sud pour nous approvisionner demain, on pourrait, sur base d’une décision politique, être privé de nourriture. C’est pour cette raison que chez DéFI, on milite pour l’autosuffisance alimentaire européenne et on veut prendre des dispositions fermes pour relancer la nouvelle génération d’agriculteurs. Se rendre dépendants de nos importations pour nourrir notre population serait suicidaire au niveau européen et on ne peut pas l’accepter ! »
« C’est pour cette raison que chez DéFI, on milite pour l’autosuffisance alimentaire européenne et on veut prendre des dispositions fermes pour relancer la nouvelle génération d’agriculteurs.”
Benoit Cassart