C’est à un véritable travail de fourmi auquel je me suis adonné en tant que conseiller de police et échevin à Grez-Doiceau dans le cadre des marchés publics passés ces 4 dernières années (2019-2022) dans la zone de police Ardennes brabançonnes (ZP AB). Avec comme conclusion que les marchés publics «profitent» principalement aux entreprises des autres régions plutôt qu’à nos entreprises wallonnes.
Bonne gouvernance et transparence constituent l’ADN de DéFI et par les temps qui courent la Wallonie en a bien besoin. C’est dans cet esprit que lors du Conseil de police de décembre, j’ai interrogé les responsables de la Zone de Police Ardennes brabançonnes au sujet des marchés publics attribués par la zone depuis le début de la législature (janvier 2019 jusque décembre 2022). Au total, ce sont 127 marchés publics qui ont été analysés.
Ils représentent une somme totale de 1.901.308 d’euros – ce n’est pas rien ! – et concernent majoritairement des achats de matériel pour nos policiers ainsi que des fournitures pour le bon fonctionnement de l’administration. Cela va des gilets pare-balles, des véhicules et motos de police, des armes ou des radios mobiles pour les missions de nos policiers d’une part et d’autre part, des fournitures de bureau, des achats d’ordinateurs, de serveurs ainsi que de l’entretien de l’hôtel de police situé près du hall omnisports.
Une analyse plus fine des chiffres montre une répartition interpellante de l’attribution des marchés publics par région : 45 marchés publics attribués à des entreprises bruxelloises pour une quote-part équivalente à 64,7%, suivie par la région flamande avec 40 marchés publics qui représentent un volume financier de 14,5%, la Wallonie suit avec 37 marchés publics représentant 19,6% de la somme totale. Enfin, 5 marchés publics ont été attribués à des entreprises situées à l’étranger (France, Pays-Bas, Suède, Malaisie) pour un montant équivalent à 1,2 % du montant total.
En bref, 90 marchés publics (sur 127) équivalant à 1.527.940 euros (soit 80,4%) échappent à des entreprises wallonnes. Et donc un manque à gagner quant aux retombées potentielles – notamment en matière d’emploi – pour la région dans laquelle se trouve notre zone de police. Les plus optimistes objecteront que quasi la totalité des marchés restent en Belgique, ce qui est bien évidemment une bonne chose. Mais bon….
Selon moi, il faut peut-être chercher ailleurs. Pas mal de marchés publics attribués à des entreprises bruxelloises et flamandes le sont via des marchés publics fédéraux régis et gérés par la police fédérale. Sans y voir malice au premier abord, c’est probablement là que le bât blesse… J’ai d’ailleurs demandé aux députés fédéraux DéFI, François De Smet et Sophie Rohonyi de faire toute la lumière à ce sujet. En outre, certains marchés publics sont organisés par des zones de police flamandes auxquelles toutes les zones de police du pays peuvent participer. C’est le cas par exemple avec des marchés groupés organisés par la ZP d’Anvers auxquels la ZP Ardennes brabançonnes adhère et dont la société à qui a été attribuée a son siège … en région bruxelloise».
En conclusion, j’estime qu’il faut élargir l’étude à l’ensemble des 72 zones de police wallonnes pour avoir des chiffres consolidés à l’échelle de l’ensemble de la Wallonie. La région wallonne ou l’Union des Villes et communes de Wallonie (UVCW) pourraient mener des études dans ce sens et proposer le cas échéant des solutions pour inciter les entreprises wallonnes à s’intéresser aux marchés publics fédéraux liés aux zones de police et à l’instar de ce que fait le SPW (Service Public de Wallonie) ou certaines intercommunales (IMIO, …) d’organiser au niveau wallon des marchés publics groupés ou in house pour des fournitures qui entrent dans le champs d’intérêt de toutes les zones de police en Wallonie.»